Il s'appelait Clément. C'était un garçon avec une joie de vivre comme j'en ai rarement vu. Espiègle et malin, je crois qu'au fond il avait déjà compris, à seulement 11 ans, qu'il fallait profiter pleinement de la vie et qu'il ne fallait surtout pas rentrer dans un moule lorsque l'on en avait pas envie. Il était mature à sa façon, mais surtout incroyablement naïf. Pour lui tout était beau, tout pouvait s'arranger, les actes méchant n'existait pas, les méchants redevenait gentils... Et le pire c'est qu'il y croyait, et moi je l'aimais, de la plus belle des amitiés qui soit, pour tout cela.
Clément, c'est plein de bons souvenirs dans la tête. Lorsque mon père nous emmenait aux répétitions de la chorale à pied et qu'il pleuvait et que nous chantions à tue tête sous la pluie, qu'alors nous nous regardions et que nous partions d'un fou rire qui faisait sourire mon père. Il avait une bouille ronde avec des lunettes rondes, son visage est bien présent dans ma mémoire.
Lorsque nous nous déplacions en bus avec la classe, nous chantions à tue tête la chanson "aimer", nous étions en plein dans l'époque Roméo et Juliette qui passait en boucle à la radio. C'était notre petite génération à nous. C'était sa chanson à lui, celle qu'il aimer imiter avec dérision. Je le vois encore, à moitié debout sur son fauteuil dans le bus, chanter à tue tête, alors que tout le monde nous regardait, des regards qui se partageait entre exaspération et amusement.
Début juillet 2001 nous sommes allés tous ensemble à la piscine, notre petite troupe à nous. On a passé un super moment, on a rit comme jamais, et le pauvre Clément c'est fait disputé par le maitre nageur parce qu'il faisait le cirque sur le toboggan. Il aimait les défis et se faire plaisir, et je crois qu'au fond il avait raison... Le soir on s'est tous dit au revoir et à la prochaine, on avait passer une super journée.
Je suis parti en colonie de vacances près de Clermont-Ferrand le 10 juillet 2001. J'y ai passer trois semaines géniales, je me suis vraiment éclaté, et c'est même durant ce séjour que j'ai embrassé d'un vrai baiser pour la première fois une fille (je me souviens même avoir dit que sa donnait l'impression de manger des pâtes sans sel...).
Toute la famille est venue me chercher à la gare lors de mon retour. J'avais beaucoup pleurer, je ne voulais pas rentrer, j'étais bien là-bas. En arrivant à l'appartement ma mère à demander à me parler. Mon père est parti dans la cuisine, ma soeur est partie dans la chambre.
Clément était mort. Il s'était fait renverser par un camion en allant à son cours d'aviron, le 9 juillet 2001. La veille de mon départ en colonie. Il était décédé sur le coup, le choc avait été trop violent.
Je crois qu'une partie de moi n'a jamais digéré l'information. La crise de hurlement et de larmes passé, je me suis installé dans la chambre avec ma sœur pour jouer au babyfoot que ma grand-mère nous avait offert. Je commençais à arrêter de pleurer, mon meilleur ami m'avait quitté définitivement...
Durant notre petite partie, la radio derrière nous se mit alors à passer "Aimer" de Roméo et Juliette. Comme un dernier Adieu...
Une partie de la joyeuse équipe de 6ème... Clément est en bas à droite, avec les lunettes.
J'ai pu lui dire au revoir sur sa tombe. Mais j'aurai toute ma vie l'impression de ne jamais avoir finalement pu lui dire ce que je ressentais vraiment de son vivant. Même si je sais que de là ou il est, il le sait...